Le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), directement rattaché à Matignon, a publié courant juin ses travaux sur les enjeux, besoins et chiffrages de la transition énergétique pour le pays d’ici à 2030. Il place la production de chaleur renouvelable comme un des trois piliers de notre stratégie énergétique, aux côtés des économies d’énergies et de l’électrification.

Pour le SGPE, la chaleur renouvelable est un enjeu majeur de notre stratégie énergétique avec +100TWh visés en 2030, dont +60TWh hors biomasse (PAC, géothermie et solaire). Le solaire thermique est appelé à produire 6 TWh, partant de moins d’1,5 TWh aujourd’hui. Le SGPE interroge les enjeux du « bouclage de la biomasse ». Le biogaz et le bois étant des ressources précieuses, il y a une bonne complémentarité à exploiter avec le solaire thermique autant que faire se peut pour des solutions optimales pour notre mix.

Ce travail de planification de notre transition énergétique va vraisemblablement nourrir la prochaine loi de programmation sur l’énergie et le climat, qui doit écrire la feuille de route nationale au second semestre 2023.

Cette planification nationale se double d’une planification locale. En effet, jusqu’à la fin de l’année, les élus locaux sont invités à proposer leurs choix de zones d’accélération des énergies renouvelables. L’occasion d’identifier, dans chaque commune, les zones dédiées à la production de chaleur solaire, qui pourra alimenter ici un réseau de chaleur, là une zone industrielle grosse consommatrice de calories. L’opportunité aussi d’interroger ce qu’il est possible de solariser au sein des zones soumises à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France. Au sol, sur ombrières de parking ou en toiture, il y a partout du foncier à mobiliser pour produire de la chaleur solaire, source locale de décarbonation et d’indépendance en valorisant une ressource abondante.

Au-delà de la planification locale, pour concrétiser leurs objectifs de transition, les collectivités peuvent gérer un contrat territorial pour le développement de la chaleur renouvelable, qui leur permet d'identifier et d'accompagner des projets de toutes tailles par le Fonds chaleur. Pour démultiplier les projets de chaleur renouvelable, toutes les communautés de communes et métropoles du pays devraient conclure ce type de contrat avec l’Ademe.

Pour conclure cet édito estival, saluons deux bonnes nouvelles, justement du côté de l’Ademe. Souhaitons la bienvenue à Sylvain Waserman, nommé le 12 juillet en Conseil des ministres Président-directeur général de l’Agence de la transition écologique. Sylvain Waserman est un acteur engagé de la transition écologique, ancien élu national et de terrain, qui a pour nouvelle mission d’accélérer la transition en lien avec les territoires. Et il va avoir les moyens de faire progresser la chaleur renouvelable. Selon

les éléments du projet de loi de finances 2024 transmis aux parlementaires par le gouvernement, les moyens dédiés à la planification écologique progresseront de 7 Md€ en 2024 par rapport à 2023. Les engagements du Fonds chaleur augmenteront de près de 60%, avec plus de 800 M€ en 2024. C'est un alignement progressif des soutiens publics, avec la trajectoire de décarbonation présentée il y a peu par le SGPE. Nous pouvons nous en réjouir.

Richard Loyen, Délégué Général Chaleur Solaire et collectivités