Le débat politique et médiatique sur la politique énergétique du pays, tel qu’il se donne à voir à l’occasion de l’examen de la proposition de loi sur l’énergie, est relativement médiocre. Alimenté par de fausses informations, il demeure très électro-centré.
Les populistes voudraient faire croire à l’opinion publique que nous avons déjà réalisé la transition avec notre électricité décarbonée et que l’ajout d’énergies renouvelables est superflu, omettant le fait que le pays consomme 60% d’énergie fossile pour fonctionner. Pour réduire cette dépendance aux fossiles d’ici 2035, il n’y a pourtant qu’un seul chemin, avec deux voies complémentaires entre elles. D’une part l’électrification des usages en grande partie alimentée par la croissance des renouvelables, et d’autre part la forte montée en puissance de la production de chaleur renouvelable et de biogaz.
On ne devrait pas réduire le débat public sur l’avenir énergétique du pays à la composition de son mix électrique, alors même qu’une grande partie de l’enjeu réside dans la décarbonation de la chaleur ! Si l’opposition entre nucléaire et renouvelables est stérile, elle ne doit pas en plus effacer cet enjeu majeur et les solutions qui nous permettront de nous émanciper du fossile pour produire de la chaleur.
Il n’y aura pas de transition énergétique réussie si nous ne prenons pas à bras-le-corps le sujet de la chaleur bas carbone. Cela revient à au moins doubler la part de chaleur renouvelable et de récupération dans notre consommation d’ici 2035.
Pour le solaire thermique, l’objectif retenu par le projet de Programmation Pluriannuelle de l’Energie prévoit une croissance plus fulgurante. Atteindre 10 TWh de chaleur solaire dans notre mix à cette échéance revient à passer d’un parc installé depuis 25 ans de 2 GW, à 16 GW d’ici 10 ans. C’est l’objectif assigné à la filière qui se prépare à ce changement de paradigme. A cette fin, nous avons travaillé avec l’ADEME et les parties prenantes sur « un plan national pour le solaire thermique » qui attend la publication prochaine du décret sur la PPE, pour être officialisé et endossé par le ministère de l’énergie. Oui, le solaire thermique doit sortir de l’ombre et ce plan national va y contribuer !
Une partie des travaux de ce plan a été présenté aux États Généraux de la Chaleur Solaire à Bordeaux, le 18 juin dernier. Au-delà du décret de PPE très attendu pour donner le go au plan d’action, il en ressort que :
- le changement de paradigme au niveau national pour le ST devra se traduire dans chacune des régions pour décliner leurs objectifs en la matière, et mettre en œuvre une stratégie pour les atteindre
- les collectivités locales doivent planifier leur émancipation progressive de l'énergie fossile pour leur besoin de chaleur, ainsi que tous les acteurs des RCU, de l'industrie, de l'agriculture, du tourisme, de la santé, du logement…
- la filière doit monter en compétences et à l’échelle en nombre d’entreprises impliquées, afin de répondre à la croissance du marché.
Bref, n'attendons pas la publication officielle du plan national pour la chaleur solaire pour agir dès à présent. L’objectif global de décarbonation ne sera atteint qu’avec la décarbonation de la chaleur, et le solaire thermique fait partie des solutions à combiner pour y parvenir. S’informer, se former, s’impliquer, c’est possible dès maintenant.
Richard Loyen, Délégué Général
Chargé des relations avec les collectivités et de la chaleur solaire