Cap européen : s’émanciper des fossiles pour le chauffage, oser les solutions de rupture !

Le chauffage et le rafraichissement, qui représentent la moitié des besoins énergétiques de l’Union européenne, ont jusqu’à présent été des secteurs relativement sous-estimés dans les politiques publiques de décarbonation, tant au niveau national qu’européen. Aussi peut-on se réjouir que la Commission européenne, en parallèle de sa consultation sur l’électrification, lance une consultation publique sur la stratégie pour le chauffage et le rafraichissement, essentielle à l’atteinte des objectifs de décarbonation de l’UE et au renforcement de sa sécurité énergétique. Nous vous invitons vivement à contribuer à cette consultation.

La politique énergétique d’émancipation des fossiles doit avancer sur deux jambes : l’électrification d’une part, la production de chaleur, de froid et de gaz renouvelables d’autre part. Cela devrait être le cas d’ici au printemps prochain avec la publication d’une stratégie européenne officielle Heating & Cooling qui, espérons-le, portera haut l’ambition des calories vertes pour notre souveraineté. Le soleil, qui brille sur toute l’Europe, peut partout être massivement mobilisé avec des technologies « made in Europe » pour générer localement de la chaleur propre pour les prochaines décennies !

Le réseau de chaleur solaire de Bracht, inauguré fin septembre dans la Hesse, est un exemple européen inspirant d’émancipation des fossiles. C'est une solution 100% chaleur renouvelable qui fait sortir du chauffage fossile deux cents bâtiments de ce village allemand. Avec 7,5 MW de capteurs solaires thermiques (12 000 m²) et du stockage inter-saisonnier (26 600 m3 d'eau chaude), la chaleur solaire couvrira plus de 70% des besoins annuels de la commune. L'appoint viendra de pompes à chaleur et d'une chaufferie biomasse, qui complète une centrale solaire thermique au sol un peu plus grande qu'un terrain de football couplée à un thermos creusé dans le sol (une fosse d'un volume d'eau en circuit fermé équivalent à une dizaine de piscines municipales). Le taux de couverture solaire des besoins est impressionnant et les pompes à chaleur permettent une excellente synergie, la biomasse est utilisée en dernier recours pour alimenter le réseau communal. Le stockage inter-saisonnier joue ici un rôle clé pour permettre à la contribution du solaire thermique de changer de paradigme.

Le stockage accompagne nativement les procédés solaires thermiques. Depuis le premier chauffe-eau solaire, une batterie low-tech est systématiquement couplée avec les capteurs pour stocker les calories solaires afin de répondre à la variabilité journalière des besoins. Pièce maîtresse pour associer les autres sources de chaleur renouvelable et de récupération, elle reste toutefois relativement méconnue des professionnels et des maîtres d’ouvrage. Qui sait que le stockage thermique est disponible sous de multiples technologies et quelles sont leurs caractéristiques ? A-t-on conscience que le stockage inter-saisonnier de chaleur solaire est disponible sans aucun matériau rare et que c’est une « solution de rupture » pour la contribution de notre secteur à la décarbonation du continent ? Qui saura choisir la bonne technologie en fonction du besoin, des dispositifs de génération, de la configuration du site et de l’économie du projet ? Pour éclairer ce sujet clé et répondre à ces questions, remercions les experts de SOCOL qui ont réalisé un livret technique dédié au stockage thermique. Cette publication de référence fournit une revue simplifiée des technologies les plus couramment rencontrées, complétée par des fiches de référence.

 

Richard Loyen, Délégué Général

Chargé des relations avec les collectivités et de la chaleur solaire

 

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