Daniel Mugnier, du bureau d’études TECSOL, a récemment été élu Président du programme Solar Heating and Cooling (SHC) de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Parmi les travaux du programme, la Tâche 54 porte sur un sujet névralgique pour la filière solaire thermique. C’est en effet un projet qui aura duré 3 ans, d’octobre 2015 à octobre 2018, pour déterminer les leviers permettant de réduire le prix d’achat des systèmes solaires thermiques installés, en étudiant la chaîne de valeur complète.

1/ La Tâche 54 vient de se terminer. Quelles en sont les principales conclusions ?

L’objectif de la Tâche 54 était d’identifier et surtout de quantifier les leviers permettant une baisse significative et pérenne des coûts du solaire thermique. Au bout de 3 ans, nous sommes fiers d’être parvenus à démontrer un potentiel tout à fait réaliste de réduction des coûts de 30 à 40%. Cela consiste à jouer sur plusieurs leviers : baisse du prix des matériels, de leur installation, de la maintenance des installations solaires thermiques. Ainsi, toute la chaîne de valeur a été analysée par les partenaires mobilisés.

Pour pouvoir analyser l’impact des travaux techniques, les initiatives, nous avons développé une méthode de calcul originale, la méthode LCoH (coût complet actualisé de la chaleur), qui aboutit à un prix du kWhth dont le calcul standardisé permet la comparaison entre différents systèmes, une référence et une combinaison solaire avec appoint. Ce coût tient compte de : l’investissement initial, du coût de la maintenance et de la production de chaleur attendue tout au long de la durée de vie de l’installation. Le LCoH nous a permis de constater des progrès sur la partie solaire des installations, pour réduire, effectivement, les coûts comme attendus : un potentiel technique et non technique a été révélé. D’importants efforts ont été menés sur les coûts de production des composants principaux de la part des fabricants européens depuis 10 ans. Il existe de nombreuses innovations visant à la fois l’amélioration des performances mais aussi permettant de mieux gérer les risques de surchauffe. Cependant, la mise en œuvre et l’installation des systèmes chez les clients posent encore souvent des soucis d’efficacité économique. Dans ce cadre, l’innovation actuelle va conduire à d’importants changements vers la standardisation de composants, à l’image des structures de supportage ou encore des raccords. En plus, le choix de modèles d’affaire innovant (vente de chaleur), pour réduire ces coûts de pose, va faire partie des réalités de demain.

2/ Quels sont les enjeux à venir pour la chaleur solaire ? Quels travaux à venir pour l’AIE ?

La réduction des coûts a été atteinte sur la partie solaire des installations. Le prochain enjeu sera de voir si nous pouvons atteindre les mêmes résultats, mais sur des systèmes globaux, comprenant aussi l’appoint. Trop souvent, le solaire a fait sa part du progrès mais le système global n’est pas aussi vertueux.

Il existe actuellement donc une dynamique de création d’un Groupe de Travail (Working Group SHC) au sein du programme SHC pour continuellement mettre à jour et améliorer l’utilisation du LCoH, non seulement pour le solaire (LCoH sur la partie solaire, sur la partie appoint, et sur les systèmes globaux), mais aussi à toutes les technologies, hybridées ou non, qui produisent de la chaleur ou du froid. Ainsi, la Méthode LCoH de l’AIE deviendra une référence dans le monde de la Chaleur renouvelable et le Solaire via le programme SHC de l’AIE a l’ambition d’être en tête de proue.

Concrètement, l’objectif est ambitieux : il s’agira d’interagir avec les autres TCP – Technology Collaboration Programme – de l’Agence (PVPS, HPT, EBC, Bioenergy), afin d’avoir une méthode universellement reconnue de LCoH. Cela permettrait de développer un indicateur sérieux, pour arbitrer entre plusieurs solutions de production de chaleur et de froid. On imagine alors la force du service que cela pourra rendre aux instances gouvernantes d’Europe et d’ailleurs pour faire face à l’enjeu gigantesque que représentent la Chaleur et le Froid renouvelables dans le monde de demain (50% des besoins énergétiques d’un pays européen moyen).

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