Si le froid et la neige sont de retour en Europe, ce n’est pas tant l’hiver dans lequel nous entrons qui angoisse les décideurs européens, que l’hiver 2023. En effet dans un an, il pourrait manquer jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz pour passer l’hiver, prenant comme hypothèses une interruption totale de l'approvisionnement en gaz russe et un retour des importations chinoises de gaz naturel liquéfié à leurs niveaux de 2021.

Lundi 12 décembre dernier à Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie, Fatih Birol, ont tiré ensemble le signal d’alarme du risque de pénurie de gaz. La situation énergétique de l'Europe sera beaucoup plus difficile l'année prochaine que cette année et c'est dès maintenant qu'il faut agir. La feuille de route pour nous prémunir contre ce risque de pénurie est claire. L'Union européenne avec ses Etats membres, va devoir accélérer le déploiement des énergies renouvelables, renforcer les mesures d'efficacité énergétique et développer des achats conjoints de gaz.

Ainsi, cette situation critique nous commande d’accélérer fortement la production de chaleur renouvelable pour substituer davantage de chaleur fossile. En France, la chaleur représente 45% de l’énergie finale consommée. Elle est produite à 60 % par des énergies fossiles et seulement à 22.3% par des sources renouvelables. Faire progresser rapidement la production de chaleur renouvelable est un enjeu majeur pour notre sécurité énergétique et pour la décarbonation du mix énergétique français.

La France vise 38% de chaleur renouvelable en 2030, objectif de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie. À date, seul le déploiement des pompes à chaleur aérothermiques semble se dérouler à la bonne vitesse. Il convient donc de se mobiliser pour faire progresser la chaleur solaire, qui dispose d’un potentiel significatif avec une pertinence technico-économique partout en France. C’est vrai dans le résidentiel, l’habitat collectif, le tertiaire, ainsi que pour alimenter des réseaux de chaleur et les procédés industriels basse température. Les acteurs de la filière sont prêts à passer à la vitesse supérieure.

La France n’a pas atteint ses objectifs de développement des énergies renouvelables prévus par la réglementation européenne à l’échéance 2020. Ce retard est avant tout observé dans le domaine de la chaleur renouvelable où il manque 70 TWh, qui auraient dû substituer du gaz et du fioul. L ’IDDRI chiffre le coût de ce retard entre 6 et 9 milliards d’euros/an. 

Pour conclure, relevons que multiplier de nouveaux projets de chaleur renouvelable nécessite que les moyens du Fonds Chaleur soient dotés à due proportion des objectifs nationaux à atteindre. La France doit se donner les moyens de son ambition de transition accélérée. Vu le coût de l’inaction, investir dans la chaleur renouvelable est une bonne affaire pour nos comptes publics et pour les consommateurs.

Face aux enjeux historiques auxquels nous devons faire face, faisons aboutir de nombreux projets de chaleur solaire en 2023, sachant qu’il en faudra davantage en 2024, 2025… Il faut une mobilisation générale au sein des territoires, pour atteindre l’objectif 2030 de 38% de chaleur renouvelable.