La guerre en Ukraine est un accélérateur de la transition énergétique solaire

La guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine il y a un an va profondément bouleverser la situation énergétique continentale. Le choc encaissé par le système énergétique européen a été sans précédent. Celui-ci en sort profondément transformé « pour les décennies à venir », selon le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol – alors que la crise n’est pas encore terminée.

Si les pays de l’Union européenne n’ont évidemment pas été touchés par des opérations militaires, ils ont subi une guerre de l’énergie. Et cette guerre est en bonne voie d’être gagnée : nous nous sommes affranchis du gaz russe. Si nous avons vécu de folles envolées sur les marchés de l’énergie depuis un an, la situation s’est aujourd’hui stabilisée. En cette fin février 2023, le prix du gaz naturel a retrouvé son niveau d’octobre 2021 autour de 50 €/MWh. Il est estimé à 60 €/MWh à l’hiver 2024 selon l’index de référence Dutch TTF. Un prix deux à trois fois plus élevé qu’en 2020, qui reste volatile, dépendant notamment de la reprise économique en Chine et de son appétit pour le gaz naturel liquéfié, ainsi que de nos efforts de sobriété.

Certains économistes appellent cela "la théorie du coup de pied aux fesses", qui pose que les humains n’agissent réellement qu’une fois au pied du mur. En 2022, les européens y étaient, confrontés à l’envolée de leurs factures d’énergie. L’Union européenne a décidé d’accélérer singulièrement sa transition énergétique : un nouveau règlement temporaire, applicable depuis le 30 décembre pour 18 mois, instaure des mesures d’urgence. Ainsi, pour l'installation d'équipements d'énergie solaire jusqu’à 50 kW sur des bâtiments, le délai maximal pour la procédure d'autorisation d’urbanisme est dorénavant d’un mois, assorti d’un principe de « silence positif de l’administration ». Ce règlement a un effet immédiat sur les règles nationales. Les Directives européennes sur les énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique des bâtiments vont prochainement être adoptées. Elles fixeront une feuille de route claire et ambitieuse à l’horizon 2030. Il s’agit dans tous les pays membres, d’aller plus vite et plus fort pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. La chaleur solaire est invitée à jouer un rôle important, à la fois dans le secteur du bâtiment et dans ceux de l’industrie et des réseaux de chaleur.

En d’autres termes, pour reprendre notre destin énergétique en main au niveau européen et national, nous devons engager beaucoup plus de projets de « petites et moyennes » installations de solaire thermique pour les bâtiments, et planifier sans retard de « grandes » installations qui vont nous permettre de contribuer à la décarbonation de nos outils de production industrielle et du chauffage de quartiers entiers. C’est le chemin pour renforcer la résilience de nos territoires, en profitant d’une ressource locale qui offre de la stabilité.

La crise énergétique s’est superposée à la crise climatique. Elle nous met un coup de pied aux fesses qui est finalement « salutaire ». S’affranchir de l’énergie fossile le plus rapidement possible grâce à l’énergie solaire, c’est bon pour l’économie et pour le climat. Souhaitons force et courage aux ukrainiens, avec l’espoir que la paix ne tarde pas trop longtemps.

 

Richard Loyen, Délégué Général en charge des relations avec les collectivités, et du solaire thermique